• A quoi ressemblera l’assiette du futur ?

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    A quoi ressemblera l’assiette du futur ?

     

     

    Selon les prévisions démographiques, nous serons 9,6 milliards à nous partager les ressources de la Terre d’ici 2050. Ce chiffre n’est pas sans faire peur compte tenu de ce que cela représente en termes de gestion des ressources alimentaires, notamment du point de vue environnemental. Alors, que mangerons-nous dans un futur proche ? PasseportSanté fait le tour des différentes options.

    Favoriser une intensification durable de l’agriculture

    Favoriser une intensification durable de l’agriculture

    De toute évidence, l’enjeu principal est de nourrir 33 % d’hommes en plus avec les mêmes ressources qu’actuellement. Aujourd’hui, on sait que le problème ne réside pas tant dans la disponibilité des ressources que dans leur répartition à travers le monde et le gaspillage. Ainsi, c’est 30 % de la production alimentaire mondiale qui est perdue après récolte                ou  gaspillée dans les magasins, par les ménages ou les services de restauration1. En outre, une grande partie des céréales et des terres est réservée à l’élevage d’animaux plutôt qu’aux cultures alimentaires2. De ce fait, il semble nécessaire de repenser l’agriculture pour qu’elle soit cohérente à la fois avec les objectifs environnementaux – économie de l’eau, réductions des émissions de gaz à effet de serre, de la pollution, du gaspillage – et les prévisions démographiques.

    Améliorer le système d’élevage des animaux

    Pour une intensification durable du système d’élevage, l’idée est de produire autant de viande en utilisant moins de nourriture. Pour cela, on suggère de produire des races de bétail plus productives en viande et en lait. Aujourd’hui, il existe déjà des poulets pouvant atteindre un poids de 1,8 kg avec 2,9 kilos de nourriture seulement, soit un taux de conversion de 1,6, là où une volaille classique devrait en ingurgiter 7,2 kilos2. L’objectif est de réduire ce taux de conversion à 1,2 pour une rentabilité accrue et une utilisation moindre de céréales.

    Cette alternative pose toutefois des problèmes éthiques : les consommateurs sont de plus en plus sensibles à la cause animale et montrent un intérêt grandissant pour un élevage plus responsable. Ils défendent des conditions de vie meilleures pour les animaux à la place de l’élevage en batterie, ainsi qu’une alimentation plus saine. Cela permettrait notamment aux animaux d’être moins stressés et donc de produire une viande de meilleure qualité3. Ces réclamations nécessitent toutefois de l’espace, impliquent des coûts de revient plus importants pour les éleveurs – et donc un prix de vente plus élevé – et ne sont pas compatibles avec un mode d’élevage intensif.

    Réduire les pertes et la pollution en produisant de meilleures variétés de plantes

    La modification de certaines plantes pourrait aller en faveur d’une agriculture moins polluante et plus rentable. Par exemple, en créant une variété de riz moins sensible au sel, les pertes seraient réduites en cas de tsunami au Japon4. De la même façon, la modification génétique de certaines plantes permettrait d’utiliser moins d’engrais, et donc d’émettre moins de gaz à effets de serre tout en réalisant des économies considérables. L’objectif serait de créer des variétés de plantes capables de capter elles-mêmes l’azote – l’engrais de croissance – dans l’atmosphère et de le fixer2. Cependant, non seulement nous n’y parviendrons sans doute pas avant une vingtaine d’années, mais ces initiatives risquent de se heurter aux législations restrictives (notamment en Europe) vis-à-vis des organismes génétiquement modifiés. En effet, aucune étude à long terme n’a encore démontré l’innocuité de ces derniers sur notre santé. De plus, cette façon de modifier la nature pose des problèmes éthiques évidents.

     

     

    Et s’il fallait manger moins de viande ?

    Et s’il fallait manger moins de viande ?

    Ce  n’est plus un secret, l’élevage de viande nécessite beaucoup plus de ressources – en espace, en céréales, en eau – et sont plus polluantes que les cultures de végétaux. A titre de comparaison, la production de 1 kg de protéines peut nécessiter jusqu’à 100 fois plus d’eau que la production de 1 kg de protéines végétales, et il faut de 6 à 17 fois plus de terres pour produire de la viande que pour produire du soja1. Pour ce qui est des conséquences environnementales de l’élevage, une étude réalisée au Royaume-Uni en est venue à la conclusion que les Britanniques devraient consommer 2 fois plus de légumes et nettement moins de viande qu’actuellement pour ne pas dépasser un réchauffement climatique de 2°C d’ici à 21002.

    Pourtant, non seulement il semble difficile de persuader les consommateurs de manger moins de viande sans la mise en place de politiques et de réglementations précises, mais il ne faut pas négliger le poids des populations des pays émergents qui, en s’enrichissant, consomment davantage de viande et de produits laitiers. Finalement, malgré la prise de conscience grandissante dans les pays développés, la consommation de viande et de produits animaux risque globalement d’augmenter dans les prochaines décennies3.

     

     

    Des insectes dans nos assiettes

    Des insectes dans nos assiettes

    Courants dans les pays du Sud où ils sont consommés par environ 2 milliards de personnes1, les insectes repoussent encore les populations occidentales. Pourtant, les 1 900 espèces d’insectes répertoriées comme étant comestibles regorgeraient de bienfaits : riches en graisses, en vitamines, en minéraux et en protéines, ils pourraient aisément remplacer la viande traditionnelle. Avec un taux de conversion 7 à 8 fois plus élevé que l’élevage – on peut produire 7 kg de vers de farine avec 10 kg de son de blé2 – ils sont également beaucoup plus rentables et respectueux de l’environnement. Plusieurs entreprises ont même commencé à créer le marché en lançant des barres énergétiques, des biscuits salés ou sucrés et autres snacks réalisés à partir de farine d’insectes1. Alors, à quand les insectes grillés à l’apéritif ?

     

     

    Vers une alimentation imprimée ?

    Vers une alimentation imprimée ?

    L’émergence des imprimantes 3D ne laisse pas de surprendre quant au champ des possibilités qu’elles ouvrent. Plusieurs entreprises ont d’ailleurs pour projet de commercialiser à terme des imprimantes 3D spécialisées dans l’alimentaire1. L’imprimante serait alimentée par des substances nutritives telles que les hydrates de carbone ou les protéines, et pourraient reproduire n’importe quel aliment à partir de ses composants élémentaires2. Les plats imprimés seraient entièrement personnalisables, de la composition à la forme. Chaque consommateur pourrait donc aisément adapter ses repas à son régime alimentaire. Normalement imprimés crus, une entreprise a même pour projet d’intégrer une fonction cuisson à son futur prototype.

    Cette idée n’est pas sans rappeler les expériences de chercheurs hollandais sur la création du premier steak in vitro en 2013, créé à partir de cellules souches musculaires prélevées dans la partie comestible de l’animal vivant3.

    Ces initiatives sont prometteuses dans la mesure où elles présentent des avantages écologiques et socio-économiques évidents, mais elles n’en sont encore qu’à leurs balbutiements et demeurent extrêmement coûteuses. A titre d’exemple, un burger artificiel coûte plus de 250 000 €2.

     

     

    L’émergence des poudres nutritives

    L’émergence des poudres nutritives

    La poudre nutritive est certainement l’alternative la plus radicale car la plus éloignée de notre alimentation traditionnelle. En effet, l’idée de la poudre nutritive est de se substituer à toute autre forme d’alimentation. Diluée dans l’eau, elle constitue à elle seule un repas complet, censé contenir tout ce dont le corps humain a besoin : vitamines, minéraux, acides aminés, calories, graisses… et ce sans aucunes toxines. Elle présente donc des avantages pour l’environnement, pour la santé, et représente une solution économique dans la mesure où un repas ne coûterait que 3 dollars, soit un budget mensuel de 100 dollars. Cependant, bien que déjà commercialisé, c’est un produit peu attractif dans le sens où il retire la variété gustative que l’on trouve dans la nourriture et l’aspect convivial d’un repas partagé autour d’une table. Les freins psychologiques sont donc nombreux et il est raisonnable de penser que cette option ne peut pas constituer un repas habituel mais plutôt un repas pris rapidement lorsque c’est nécessaire.

      
     
    Samira Leroux
     
     
     
     

    Sources

    une intensification durable de l’agriculture

    1. ParisTech Review, Viande artificielle et emballages comestibles : un avant-goût de la nourriture du futur, www.paristechreview.com, 2015
    2. M. Morgan, ALIMENTATION : Comment nourrir la future population mondiale, www.irinnews.org, 2012
    3. M. Eden, Volaille : le poulet du futur sera moins stressé, www.sixactualites.fr, 2015
    4. Q. Mauguit, Quelle alimentation en 2050 ? Un expert nous répond, www.futura-sciences.com, 2012

    manger moins de viande

    1. Impact des modes alimentaires sur l’environnement et la disponibilité alimentaire mondiale, www.alimentation-responsable.com
    2. M. Morgan, ALIMENTATION : Comment nourrir la future population mondiale, www.irinnews.org, 2012
    3. ParisTech Review, Viande artificielle et emballages comestibles : un avant-goût de la nourriture du futur, www.paristechreview.com, 2015

    Des insectes dans nos assiettes

    1. ParisTech Review, Viande artificielle et emballages comestibles : un avant-goût de la nourriture du futur, www.paristechreview.com, 2015
    2. R. Vergonjeanne, L’élevage d’insectes valorisera nos déchets pour nourrir nos animaux, www.web-agri.fr, 2015 

    une alimentation imprimée

    1. E. Hong, L’impression 3D, futur de l’alimentation ?, www.atelier.net, 2015
    2. Que mangerons-nous demain ?, www.future.arte.tv, 2014
    3. C. Schweyer, La viande du futur sera-t-elle faite en laboratoire ?, http://sciencespourtous.univ-lyon1.fr, 2015

    des poudres nutritives

    1. ParisTech Review, Viande artificielle et emballages comestibles : un avant-goût de la nourriture du futur, www.paristechreview.com, 2015 

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